C’est pour faire écho à cette double particularité que nous avons proposé cette forme particulière, audacieuse, et ludique, d’une école « en escargot ». Son positionnement dans le quartier ouvrait la voie a une architecture radicalement différente, lovée dans son écrin de verdure. Et la forme en escargot permettait de conserver une bonne proximité des fonctions et espaces communs, comme nous l’expliquions dans la note du concours :
« Elle s’inscrit dans son site, trônant sur son plateau, s’ouvrant sur le grand paysage à l’ouest, se connectant au Parc du Talweg et au projet de rénovation urbaine à l’ouest, laissant pénétrer dans les cours son cocon arboré.
Elle ne refuse pas l’architecture du quartier, mais « courbe la barre », dans un geste de spirale doux et précis. Tous les espaces sont intégrés dans ce geste simple et fort.
Elle leur apporte la sécurité, avec un parvis et une entrée unique, des espaces entièrement ceints ne permettant pas d’accès en toitures, ou encore une maternelle qui entoure de ses bras sa cour dans une attitude protectrice. Les cours de récréation sont aisément surveillées, soit depuis les salles des enseignants, soit de l’extérieur depuis des espaces abrités.
Elle est modulaire et évolutive en proposant le possible dédoublement de l’ensemble des salles de classes (50 % demandés dans l’élémentaire), des salles communicantes et mutualisables, et de grand espaces appropriables.
Elle est ludique, dans sa forme même, une spirale induite par les contraintes du programme. Avec ses vestiaires mobiles qui permettent de réorganiser l’espace, de jouer avec leurs formes en les combinant de multiples façons ; avec ses mises en scène, telle que l’arbre à Fontaines, qui rend évident et motivant le lavage des mains, mais qui joue également un rôle technique en traitant l’acoustique ; ou encore avec le jeu et la poésie des espaces extérieurs : la lisière fruitée, le jardin des sens, la clairière ludique, la plaine ombragée, … accompagnent l’enfant dans un parcours bien plus onirique qu’une simple étendue d’enrobé.
Elle est fonctionnelle, car toutes les entités y trouvent une place naturelle, se déroulant et communiquant entre eux sans la complexité labyrinthique de l’école actuelle, mais en conservant ses atouts. L’école maternelle est immédiatement accessible depuis le parvis, afin de limiter le déplacement des plus petits. La Maison de l’enfance trône en proue, accessible par une rampe douce et largement végétalisée. Le restaurant scolaire a un accès direct et un espace de déchargement abrité. Ses salles sont mutualisables et ouvertes sur le paysage. L’école élémentaire termine le parcours, sa forme se dilate, s’ouvre en belvédère sur le grand paysage, s’évase sur le préau et sur une terrasse comme un tremplin sur l’avenir. Les enseignants ne sont pas oubliés, avec des accès directs depuis les parkings, un positionnement des espaces servants permettant une surveillance aisée, et des espaces de dilatation pour « sortir » des murs de la classe.
Elle est respectueuse de son environnement, dans les matériaux bio-sourcés ou à faible teneur de COV utilisés, dans le choix des techniques mises en oeuvre permettant une grande réactivité et souplesse d’utilisation, évitant les « grosses machines » au profit de petites, plus proches, moins complexes, plus réactives.
Son architecture même protège des vents dominants, apporte une inertie thermique, crée des masques solaires ponctuels, propose des îlots de fraicheur tant en extérieur qu’en intérieur. La palette réduite de matériaux utilisée est pérenne, avec un minimum d’entretien et le coût global est maîtrisé.
Et elle permet de réduire significativement le coût (économie estimée à 500 000 euros HT) et la durée de l’inconfort d’une école provisoire – 6 mois hors vacances pour les élémentaires et 5 mois seulement pour les maternelles – grâce à un phasage de la démolition et au ré-emploi de modulaires dans l’école définitive. »