L’école est construite de plain pied afin de favoriser son accessibilité. Elle se déroule autour d’un écrin de verdure, au centre duquel se trouve une prairie partagée. Des enfants y jouent, courant dans l’herbe, la tête dans les nuages.
Des parents y pique niquent, dans un lieu apaisé et calme.
Autour des bâtiments se déroulent les cours de récréation, et, en interface, des espaces partagés : un city stade, où des adolescents jouent en dehors des horaires scolaires, et un petit parc de jeux pour les petits également partagé avec les temps scolaires .
Partage… S’il est un mot qui doit définir cette école, votre école, c’est bien celui ci : le partage.
Mais continuons notre exploration : les cours des écoles se déploient devant les bâtiments. A gauche, la cour de l’école élémentaire. A droite, celle de l’école maternelle. Séparée par une large allée qui mène à la place de la bascule.
Séparées ? Non, pas tout à fait : car un système de « trompettes » permet aux enfants de communiquer entre eux entre les cours ! Permet au grand frère de parler avec son petit frère, permet de lancer un message, un cri, une chanson. Permet le partage entre les cours.
Ces cours qui ne sont pas l’apanage des enfants qui jouent au foot au détriment des autres. Ces cours qui présentent pas un espace, mais des espaces :
espace libre et ouverts pour courir et pédaler,
espace pour s’asseoir, pour discuter, pour rêver,
espace aménagés suscitant l’imagination des enfants, qui, de simples poteaux en bois, font aisément un fort de pirate, une forêt géante ou un labyrinthe sans fin…
L’école élémentaire est restructurée et accueille une nouvelle classe et une salle d’art plastique. Son entrée place de la bascule est retravaillée. Une nouvelle entrée est créée devant l’école maternelle, elle aussi restructurée avec la transformation de la salle d’activité en salle de classe et en salle de repos.
Les deux écoles se parent d’un vaste préau dont la couverture est ponctuée de pyramidons translucides et colorés, jouant avec la lumière du soleil.
A l’intérieur, les espaces sont réorganisés, autour de ce qui s’appelait autrefois des couloirs.
Qu’est ce qu’un couloir ? le Larousse nous donne cette définition : « Passage ou dégagement en longueur dans un lieu d’habitation, un lieu public, un moyen de transport collectif, etc. »
Un passage. Un entre deux, mal définit, une espace dont la vocation monofonctionnelle est simplement de permettre le déplacement « en longueur » entre deux lieux.
Il y aura peu de couloir dans l’école de Moidieu.
Il y aura des parcours.
En traversant l’école maternelle, nous passerons par un espace intentionnel, possible extension d’une classe pour des travaux manuels, placette accueillant les stands de la classe de la directrice qui exposent leur travail, lieu de réunion, de discussion, d’échange.
Puis à l’interface entre l’école et le nouveau bâtiment, la grotte des contes proposera un espace feutré, soyeux et à l’acoustique travaillée, où le plafond tel un ciel étoilé, se couvrira de dizaines de leds lumnieuses. Poursuivant notre parcours vers le restaurant scolaire, nous déboucherons sur la fontaine aux mains propres, espace ouvert carrelé ponctué par de grandes vasques rondes, et à l’ambiance acoustique de piscine municipale, contrastant ainsi avec la grotte des contes.
L’acoustique aussi est prétexte pédagogique.
Plus loin, juste avant d’entrer dans le restaurant, la forêt des manteaux nous accueille, avec ses formes d’arbres stylisées et ses fruits-pateres.
Ce parcours n’est pas le délire d’un architecte illuminé. Il est le fruit de la volonté de créer une école pédagogique, ou chaque lieu favorise l’apprentissage et le développement de l’imaginaire de l’enfant. Où chaque espace porte en lui un potentiel d’émerveillement.
Parce que nous sommes persuadés que l’école, en tant que bâtiment, en tant que cadre de vie, joue un rôle fondamental dans l’épanouissement de l’enfant, l’école de Moidieu Détourbe assumera ce rôle.
Mais continuons notre « visite » : le restaurant s’ouvre devant nous, avec ses ambiances colorées au sol et ses larges ouvertures sur le paysage. Il est partagé lui aussi, ouvert aux personnes âgées, formidable idée permettant la communication et l’échange intergénérationnel.
L’acoustique y est traitée, notamment au travers des luminaires, reflet de notre volonté de pousser les espaces et les objets au delà de leur fonction première.
Un affichage digital ludique du niveau sonore permet une auto gestion des enfants : le bonhomme est vert, nos oreilles ne souffrent pas. Il est orange, attention, il faut baisser le ton, il est rouge, ouille! mes oreilles ! L’enfant dispose ainsi d’un outil pour se gérer seul, pour apprendre, pour développer son autonomie. Il n’est pas soumis à des directives qu’il ne comprend pas forcément : on me demande de me taire, je n’ai pas le droit de m’amuser ! Il est acteur de son propre enseignement.
En sortant du restaurant scolaire, nous traversons le hall aux milles dessins et son grand mur-tableau, lieu d’expression spontanée ou réfléchie, où le mouton de Marjorie côtoie le cœur et le « j’aime Ludivine » de Pierre, lui-même couronnant l’annonce de la « vente de 4 pneus neiges de M. Durand ».
Ce hall est LE lieu d’échange.
Il est l’interface entre le milieu scolaire et les usagers extérieurs.
Il s’ouvre sur le parking, à travers un parvis paysager.
Ce n’est pas une sortie à l’arrière de l’école.
C’est une entrée dans un équipement public.
C’est le hall de la salle multi-activités et de ses vestiaires, utilisés par les enfants pendant le temps scolaire, et mise à disposition du public associatif en dehors de ce temps. La salle est également largement ouverte sur l’extérieur, de grandes lames de bois inclinées en fonction de l’orientation filtrant la lumière du soleil. Son vaste volume intérieur peut être divisé grâce à un mur mobile, pour un usage encore plus polyvalent.
Sortons sur le parvis, retournons vers la prairie centrale, prenons du recul.
L’architecture est intégrée à son environnement. Les bâtiments principaux forment de grands volumes couverts par des toits à deux pans en tuiles identiques à celle des bâtiments voisins.
Leurs murs alternent surfaces vitrées structurées par de larges brises soleils en bois, et des murs bétons couverts de galets, à l’image des murs Moidieusards traditionnels.
Les entrées et les espaces annexes se parent de bois, lames verticales chatoyantes, avec des volumes plus discrets couverts par des toits terrasses.
Les sols sont variés, béton, stabilisés, gazon.
Le cheminement de l’eau de pluie et son traitement sont mis en valeur à travers des caniveaux et des noues paysagées. Les clôtures en piquets de châtaignier sont intégrées et jouent leur rôle sans trop cloisonner les espaces.
Le site est apaisé, calme, sans voiture.
Vous êtes à Moidieu détourbe.
Cette école est la vôtre.